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One Dying Wish
20 octobre 2010

Les illusions d'une route.

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Comme l'a très justement souligné Milka dans une interview: "ce n'est pas en écoutant deezer qu'on soutient un artiste" surtout quand il s'agit d'un artiste de qualité et que celui-ci peine quelque peu à se faire connaître. Je pense que c'est en en parlant le plus possible, en "prêchant la bonne parole" pour ainsi dire, qu'on peut essayer d'aider un groupe ou un artiste à élargir son public, à gagner la reconnaissance qu'il mérite. D'où le post d'aujourd'hui.
Chroniquer un disque n'est pas chose aisée. Ca devient même fort compliqué lorsqu'il s'agit d'un disque riche et soigné tant dans le fond que dans la forme. C'est d'autant plus périlleux quand on admire un groupe depuis ses débuts et qu'on le voit comme une référence fondamentale. Toute fois, je vais quand même essayer de rester le plus objectif possible et de vous donner envie de jeter une oreille dessus...

Le 21 septembre 2010 à 10h17 sortait le premier volet du disque "Les illusions d'une route / Barcelone", quatrième album du groupe de (post)rock Toulousain Agora Fidelio. Date faisant référence à la catastrophe de l'usine AZF et faisant écho à la chanson "10h17" figurant sur la première réalisation du groupe, comme une façon de boucler la boucle. Il s'agit ici d'un album conceptuel sous forme de triptyque dont les trois volets sortiront sous des noms différents (cf: de ville: Barcelone / Bagdad / Belfast) à des dates différentes. Le principe a pour but de briser le schéma conventionnel et d'amener le disque à avoir une "durée de vie" plus longue. Une route, trois destinations, une invitation au voyage...

Après quelques années de silence, le combo Français revient en pleine forme pour nous livrer ce qui semble être la pièce la plus aboutie de sa discographie. A la première écoute l'adjectif qui s'est imposé à moi fut: "hypnotique". En effet, l'album s'ouvre sur l'envoutante "les métamorphoses".
Tout de suite on reconnait la patte "Agora": Une mélodie de guitare des plus éthérées rejoint par une basse très ronde et présente puis par la batterie à la rythmique rock mais subtile et efficace puis enfin, en dernier lieu, par le chant (en Français) de Milka (My Own Private Alaska). Une sorte de "bienvenue" comme pour mieux inviter l'auditeur à l'introspection. On retrouve ici, comme sur le reste du disque, un Agora Fidelio fidèle à lui-même bien qu'un peu différent. Une évolution qui tend vers le positif dans la mesure où il n'y a pas de changement radical. Les différents éléments sont simplement exacerbés. Les textes se veulent encore plus subjectifs et suggestifs qu'avant, le côté plus "rentre dedans" se fait plus présent, les mélodies un tantinet plus travaillées. L'ensemble paraît plus brut de décoffrage mais le groupe semble avoir poussé son identité musicale à son paroxysme pour se révéler être bien plus à fleur de peau. Des hommes touchés et touchants en d'autres termes.

Les titres se suivent et on n'en perd pas une miette, l'album est d'une cohérence rare et ne lâche pas l'auditeur une seconde. Même dans les breaks un peu plus épurés la profondeur de leur sensibilité reste pesante et prenante.
Sur "il est des livres" (premier titre qui a filtré via myspace avant la sortie de l'album) la couleur musicale est plus sombre, l'atmosphère plus froide et Milka développe une belle métaphore tout du long lâchant des mots puissants, des images fortes laissant un arrière goût amer mais tellement réaliste. Le titre s'arrête un peu brutalement comme pour mieux arrêter ce "sang qui coulait". Le seul bémol réside, selon moi, dans le mélange des langues. Le refrain est en anglais alors que le reste du texte est en français ce qui n'en est pas moins intéressant mais un peu choquant de prime abord.

Puis vient en suite "l'horizon". Un des titres les plus parlants de l'album où un simple "j'y ai cru" peut vous prendre aux tripes. Toujours dans l'optique d'une progression constante, le ciel s'assombrit encore un peu pour nous faire entrer dans un état d'esprit plus mélancolique. Agora signe ici  un titre un peu plus "fusion" aux confins du rock indé (j'avais décidément pas envie d'écrire "pop") et de la noise.

Le duo Jouch/Milka (guitare/chant) amènent en douceur "le pharaon blanc". Titre très progressif bien qu'un peu moins cyclique où le penchant "post rock" de la formation refait son apparition notamment avec des murs de guitares gueulantes et aériennes alliés à des mélodies nuancées qui forment un contraste subtil.

Et là on va finir par caresser le sublime. Il est grand temps de sauter, pieds joints, au coeur de la tempête et de se laisser aller à une errance. Et que la douleur soit! Ca berce mais ça fait mal et ça dès l'intro tout en spoken word (rappelant la voix d'Altitude zéro) de toute beauté. Des mots qui déchirent de par leur réalisme cru où tout un chacun peut se retrouver. Parce que finalement, la force de Milka dans ses écrits se trouve avant tout dans cette aptitude à se livrer tout en laissant les gens s'identifier aux mots et se reconnaitre dans ses maux. On pénètre donc dans ce qui ressemble à la pièce maîtresse du disque: "GPS" (Grande Peur Solitaire). Une sorte d'auto-critique bouleversante où la peur et le désespoir suintent jusqu'à l'apogée du mal être crié sur ce final explosif par un Milka des plus torturé et déroutant. On touche du bout des doigts le screamo, un style que le groupe explore de temps à autre par petites touches.

Aussi touché et endolori puisse t-on être, nous n'avons pas le droit au répit pour l'instant. Le disque se clôture de façon brillante sur "je suis venu". Chanson qui résume bien tant le disque que le groupe en lui même. On y retrouve un peu tous les éléments qui font la musique d'Agora Fidelio. Une fusion des styles très personnelle avec un chant tantôt chanté tantôt scandé parfois bas, parfois haut perché. Nous somme ici, encore une fois, dans quelque chose de cyclique et progressif où la musique peut tout à coup s'envoler pour effleurer la noise puis soudainement se calmer pour rappeler des formations post rock telles que Maserati ou Mogwaï...

On a là un Agora Fidelio encore plus sombre, encore plus fragile, encore plus sensible, un Agora encore plus pesant, encore plus troublant, encore plus subjectif, en un mot un agora nouveau (mais pas tant que ça) encore plus beau.
Barcelone révèle bon nombre de perles et des surprises en demi teinte. Quoi qu'il en soit, que l'on aime ou que l'on déteste ça reste un disque fort intéressant. Je ne peux que trop vous conseiller de jeter une oreille dessus et de le commander sur le site internet. Le groupe est en auto-production totale, choix alternatif à une époque ou l'industrie du disque ne ressemble plus à rien. L'album ne sortira donc pas en bac.

Vivement la suite!

Pour découvrir un peu plus le groupe vous pouvez aussi cliquer içi 

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